Avantages salariés

Les salariés séniors français n’ont pas le moral

Les salariés séniors français se sentent laissés pour compte. La dixième édition du baromètre Edenred-Ipsos s’est penchée sur le bien-être et la motivation au travail des 55 ans et plus en Europe.
#Bien-être salarié #Motivation salaries #Reconnaissance
28 septembre 2015

Les salariés séniors français se sentent laissés pour compte. La dixième édition du baromètre Edenred-Ipsos s’est penchée sur le bien-être et la motivation au travail des 55 ans et plus en Europe. Et alors même que le taux d’emploi des séniors n’est que de 46% dans notre pays contre 64% en Allemagne, 60% aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, et même 74% en Suède, le ressenti de ceux qui ont encore un travail est pour le moins préoccupant. Les salariés séniors français comptent parmi les moins épanouis d’Europe.

Les séniors français parmi les moins heureux au travail

Les salariés séniors français ne sont que 39% à déclarer être heureux au travail. Un chiffre inquiétant, qui situe notre pays dans le bas du tableau sur ce critère. A comparer avec 71% des salariés séniors néérlandais, 59% des Autrichiens ou 54% des Suédois… Seuls les Polonais, les Tchèques et, dans une moindre mesure, les Italiens, affichent des scores encore plus bas.

De même, les notes attribuées par les salariés séniors français à leur qualité de vie au travail s’avèrent largement en retrait : 29% lui accordent une note comprise entre 8 et 10, contre 42% en moyenne européenne… et 66% des Finlandais.

Les salariés séniors français portent un jugement sévère sur leurs employeurs

Parmi les éléments constitutifs de cette situation, le Baromètre Edenred-Ipsos relève quatre points spécifiques… et un pessimisme largement répandu.

1 – Le sentiment d’un manque de considération

Le respect se perd-il ? Seuls 46% des salariés français de plus de 55 ans s’estiment satisfaits du respect avec lequel ils sont considérés – très loin derrière la moyenne européenne qui s’élève à 70%.

La hiérarchie porte t-elle un réel intérêt à leur bien-être ? Ils ne sont que 39% à le penser, loin derrière là-aussi de la moyenne européenne (55%). C’est pourtant ce que pensent les deux tiers des salariés séniors britanniques, néerlandais ou finlandais.

2 – Trop peu d’actions favorisant la transmission des compétences

Confirmant le point précédent, 60% des salariés français de 55 ans et plus considèrent que leurs employeurs ne sont pas suffisamment mobilisés sur la transmission ou le renouvellement des compétences. La même proportion pense que leur entreprise n’encourage pas la transmission des savoir-faire des salariés expérimentés.

En Allemagne et en Autriche, seuls un quart des salariés séniors partage cette opinion.

3 – Une gestion des talents insuffisante

La gestion des talents est-elle assez prise en compte par les employeurs ? Non, répondent 61% des salariés français de plus de 54 ans – contre 34% seulement en moyenne européenne.

Par ailleurs, ils ne sont que 21% à être satisfaits de leurs possibilités d’évolution (50% en Suède).

4 – Les séniors, oubliés de l’employabilité

40% des salariés français de 55 ans et plus se montrent critiques sur la gestion de l’employabilité des seniors, contre seulement 27% en moyenne en Europe.

Ils sont autant (41%) à souligner un déficit d’information sur les possibilités de formation dans leur entreprise - tandis que 82% de leurs homologues finlandais, par exemple, se considèrent « bien informés ».

Les statistiques nationales leur donnent raison : en France, le taux d’accès à la formation a chuté à 33% chez les salariés de 55 ans et plus, alors qu’il s’élève à 61% chez les 25-34 ans (chiffres Insee 2013).

Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes :

  • En France, seuls 50% des plus de 55 ans sont confiants pour les années à venir avant leur départ en retraite, contre 66% en Europe
  • Seulement 58% de plus de 55 ans se sentent suffisamment formés pour envisager leur fin de carrière dans l’entreprise, contre 78% en moyenne européenne
  • 55% de plus de 55 ans se disent encore motivés d’ici leur départ à la retraite, contre 67% en moyenne en Europe
  • Seulement 23% des plus de 55 ans pensent qu’ils ont encore des possibilités d’évoluer au sein ou à l’extérieur de l’entreprise vs. 43% en moyenne en Europe

Sortir de l’impasse

Est-ce qu’on devient inutile quand on franchit le cap des 55 ans ? Alors que les progrès médicaux et les habitudes de vie ont largement amélioré la forme des quinquagénaires et des jeunes sexagénaires, nos entreprises ont trop tendance à les placardiser ou à leur dénier le droit à améliorer encore leurs connaissances.
Les compétences des séniors sont mal utilisées en France, c’est un fait encore souligné récemment par le
Golden Age Index de PwC. Malgré quelques progrès, la France reste à la 24e place sur 34 pays de l’OCDE en matière de taux d’emploi des travailleurs âgés de plus de 55 ans. L’âge reste le premier sujet de discrimination dans l’accès à l’emploi, d’après le Défenseur des Droits. Mais il ne faudrait pas qu’il devienne aussi le premier motif de discrimination au travail…

Pour lutter contre ce gâchis, les entreprises auraient tout intérêt à organiser la transmission du savoir entre les générations : le mentorat, tel qu’il est pratiqué en Allemagne par exemple, constitue une piste à suivre.


Enquête Edenred-Ipsos réalisée en Janvier 2015 auprès de 2000 salariés séniors (55 à 64 ans) dans 14 pays.