Gestion de l'entreprise

Radio Moquette, tout le monde s’inquiète [5 conseils]

« Never complain, never explain »* est depuis longtemps la devise de la cour royale britannique face aux rumeurs. Mais ce qui peut fonctionner - pas toujours d’ailleurs ! à Buckingham n’est pas forcément adapté au monde clos de l’entreprise. Car « Radio Moquette » n’émet jamais aussi fort que lorsque le management la laisse prospérer... par son silence.
#Bien-être salarié
21 juin 2016

« Never complain, never explain »* est depuis longtemps la devise de la cour royale britannique face aux rumeurs. Mais ce qui peut fonctionner - pas toujours d’ailleurs ! à Buckingham n’est pas forcément adapté au monde clos de l’entreprise. Car « Radio Moquette » n’émet jamais aussi fort que lorsque le management la laisse prospérer... par son silence.

Deux tiers des salariés français (67%) se disent informés de l'évolution de leur entreprise par le biais des rumeurs ! Même si l’étude d’ISR, menée en Europe en 2005, a pris de l’âge, les travers qu’elle dénonçait, en particulier chez les salariés hexagonaux et britanniques – les derniers d’un classement où les Danois occupaient la place du bon élève avec seulement 41% de réponses positives – n’ont pas disparu. Il faut dire que les sujets ne manquent pas : réorganisation en cours, promotion jugée indue, salaire d’embauche d’un nouveau venu, soupçons de népotisme, sans oublier les sujets d’alcôve…

Une « Radio Moquette » qui fait de l’audimat

L’expression Radio Moquette est si typique de la vie des bureaux qu’elle résiste à la traduction. A un Anglais qui s’interrogeait sur son équivalent dans sa langue, un compatriote installé dans l’Hexagone depuis plusieurs années suggère, sur un forum, de remplacer « Radio Moquette » par « I heard it through the grapevine » - « Mon petit doigt m’a dit », qui est également le titre d’une des plus belles chansons de Marvin Gaye !
Le sujet est tout sauf anecdotique, parce que la rumeur a presque toujours un côté insidieux. De ce fait, elle peut finir par miner le moral des équipes, et nuire à l’image du manager voire, dans des cas extrêmes, à celle de l’entreprise. Voilà pourquoi des consultants comme ceux du cabinet de recrutement Robert Half, s’expriment régulièrement sur ce thème bien plus sérieux qu’il n’y parait.

5 conseils pour contrer Radio Moquette

1) Adapter son discours
Adapter son attitude à la véracité des informations colportées. La stratégie du « laisser faire, laisser passer » peut fonctionner, mais est périlleuse. Car elle fait courir le risque d’un envenimement : un malentendu ou une simple jalousie finissent alors par devoir se régler dans le bureau de la DRH. Alors qu’en disant la vérité – ou la part de vérité nécessaire et suffisante pour tranquilliser les esprits – ces dangers sont écartés.

2) Officialiser rapidement les informations
De façon plus proactive, il vaudra toujours mieux officialiser les informations rapidement, tout particulièrement lorsqu'elles sont importantes. La vie des entreprises est assez riche en plans sociaux, projets de fusion et d’acquisition, réorganisations ou déménagements, pour permettre aux managers de donner à leurs collaborateurs des preuves régulières de leur attention en les prévenant aussi vite que possible des décisions qui auront un impact dans leur quotidien.

3) Relativiser
L’humour permet également de désamorcer les bavardages, conseille Robert Half, mais ne doit pas servir à justifier des décisions mal mesurées ou irréfléchies du manager. Sans oublier qu’il y a des sujets sur lesquels le ton de la plaisanterie peut apparaître comme… se moquer du monde.

4) Ne pas tolérer les attaques aux personnes
Certaines rumeurs relèvent de la pure malveillance, voire du harcèlement à l’égard d’un collaborateur. Dans ce cas, le rôle du manager est non seulement de protéger le salarié concerné mais, le cas échéant, de faire un rappel à la règle. Il y a même intérêt, car son absence de réaction pourrait lui être reprochée ultérieurement.

5) Penser les rumeurs
Enfin, quand Radio Moquette se montre particulièrement bruyante, managers et dirigeants devront s’interroger collectivement sur les raisons profondes d’un tel brouillage. Car elle devient alors l’indicateur du malaise des équipes vis-à-vis des managers, ou à tout le moins d’une communication défaillante. Il faudra alors prendre le taureau par les cornes, car l’enjeu est de taille, selon Douglas Rosane, responsable de l’enquête ISR : « Les salariés sont sensibles à l'aptitude de leurs dirigeants à communiquer et veulent détenir le maximum d'informations sur leur employeur, sa stratégie, ses valeurs. Ils veulent se sentir impliqués, à leur niveau, dans les décisions de l'entreprise. Une communication claire et sans ambiguïté aide à s'assurer que les salariés sont prêts à s'investir davantage, à comprendre et à soutenir les objectifs de leur employeur. Sans elle, les salariés risquent de verser dans l'immobilisme au détriment de la performance globale de l'entreprise ».

(*) Ne jamais se plaindre, ne jamais s’expliquer