Ressources Humaines

Les tiers-lieux, une solution pour les travailleurs nomades… et leurs DRH

Créer des espaces dédiés au co-working et trouver des points d'amélioration : LBMG Worklabs répond aux questions posées par l’essor de la mobilité des collaborateurs.
#Télétravail #DRH #Coworking
04 septembre 2014

Créer des espaces dédiés au co-working, les animer, comprendre ce qui fait le succès des tiers-lieux, trouver leurs points d'amélioration: LBMG Worklabs veut répondre aux questions de plus en plus nombreuses posées par l’essor de la mobilité chez les collaborateurs. Tant du point de vue des propriétaires des bureaux que de celui des DRH. Les explications d’un de ses fondateurs : Nathanaël Mathieu.

Manager Attitude: Vous êtes cofondateur de LBMG Worklabs, une société qui propose de faciliter l’accès des travailleurs nomades à des espaces de coworking et d’échanges informels ("tiers-lieux", NDLR). Expliquez-nous votre démarche.

Nathanaël Mathieu, LBMG Worklabs: Nous avons fondé la société en 2010, avec deux autres associés. J’avais pour ma part travaillé six ans au sein du groupe Accor, dans la direction du développement durable, sur des thématiques RSE. Nous avions détecté un besoin d’espaces de rencontres et de partage, avec des services associés, chez les travailleurs nomades qui fréquentaient les hôtels du Groupe. Mais aussi un besoin de conseil pour ces grandes enseignes, au moment de concevoir ces espaces. C’est l’origine de LBMG Worklabs.

Aujourd’hui, nous travaillons avec deux cibles principales. D’un côté, celles qui vont proposer ces espaces aux travailleurs nomades, soit au sein de structures existantes – hôtels, centres commerciaux, Gares SNCF, etc -, soit en partant d’une feuille vierge, ce qui est le cas d’un certain nombre de collectivités territoriales, en zones fortement urbanisées pour aider à l’optimisation des temps de transport, mais aussi en milieu rural, avec des créations de télécentres, par exemple en Seine et Marne ou dans l’Orne. Avec elles, nous concevons bien entendu les espaces, mais nous réfléchissons également à la manière de les faire vivre, de les animer, de les mettre en réseau.

Les DRH forment l’autre partie de notre clientèle. Car de nombreuses entreprises ont aujourd’hui des questionnements sur la gestion des télétravailleurs et/ou des travailleurs nomades.

Manager Attitude: Quelles questions sont aujourd’hui sur la table ? Et quelles réponses apportez-vous ?

Il y a des collaborateurs qui ne veulent pas, ou ne peuvent pas, travailler à domicile

Nathanaël Mathieu: Pour les entreprises qui se sont déjà engagées dans des politiques de développement du télétravail, un problème a surgi, peut-être de manière inattendue par rapport aux efforts que les DRH avaient consentis pour « border » le processus sur le plan légal. A savoir qu’il y a des collaborateurs qui ne veulent pas, ou ne peuvent pas, travailler à leur domicile. Ce n’est pas vraiment un coup d’arrêt, parce que cette première phase « réglementée » du télétravail est sans doute nécessaire pour desserrer l’étau du management fondé sur le présentéisme, et aller vers un management par objectifs. Néanmoins, aujourd’hui, il faut proposer à ces télétravailleurs de nouvelles solutions. Et les tiers-lieux, qui leur permettent de retrouver un ensemble de services de qualité, dans un contexte convivial et communautaire, à proximité de leurs lieux de résidence, font partie de la solution.

Nous avions déjà créé le site Neo-Nomade qui référencie les espaces de coworking disponibles en France. Avec la solution Neo-Nomade Pro, nous avons franchi une étape supplémentaire, pour aider les entreprises à détecter les espaces qui correspondent exactement à leurs besoins, notamment au niveau de la qualité de service. Elles ont la possibilité de réserver des postes de travail pour leurs collaborateurs, elles peuvent leur allouer des crédits à consommer en location et en services…

Cette offre concerne également les travailleurs nomades, notamment les commerciaux, qui apprécient de se retrouver dans des espaces moins impersonnels que les salles d’attentes des aéroports ou les centres d’affaires. Encore que ces derniers commencent eux-aussi à proposer des espaces de travail plus flexibles inspirés des espaces de coworking….

Manager Attitude: Dans ces espaces, quel est le nombre moyen de postes disponibles, et quel est le coût d’une location à la journée ?

Nathanaël Mathieu: Bien entendu, cela varie en fonction de la localisation ou des services offerts. Mais on peut établir une moyenne à environ 30 euros la journée.

Concernant le nombre de postes, il est généralement compris entre 25 et 80. Comme il y a environ 300 espaces de ce type en France, vous pouvez constater que nous sommes encore au début du phénomène. C’est pourquoi il est nécessaire d’expliquer, d’évangéliser (par exemple grâce au Tour de France du Télétravail et des tiers-lieux, NDLR) mais aussi de comprendre ce qui se passe vraiment dans ces tiers-lieux. Qu’en font les travailleurs qui les fréquentent ? Nous avons lancé avec le soutien de la Région Île-de-France, un programme de recherche intitulé « Quel Bureau demain ? » pour essayer de le savoir. Des résultats intermédiaires sont déjà disponibles et nous publierons les définitifs en décembre prochains.

Manager Attitude: Parmi les réticences des entreprises vis-à-vis de ces tiers-lieux, la question de la sécurité et de la confidentialité des informations, continue-t-elle de peser ?

Nathanaël Mathieu : C’est effectivement une demande récurrente. Dans le cas d’une activité exigeant une forte confidentialité, on peut d’ailleurs reconnaître que ces espaces ne présentent pas toutes les garanties voulues, sauf à les cloisonner et à les réserver à quelques personnes, ce qui contredit l’esprit de partage qui préside à leur création.

Le passage d'un travailleur nomade dans l'entreprise doit constituer un moment fort

Dans la plupart des situations, la question n’est pas de savoir si le tiers-lieu est suffisamment protégé. Plutôt de s’assurer que les travailleurs, nomades ou pas d’ailleurs, sont suffisamment au fait des enjeux de confidentialité. Cela devient une question de formation, de sensibilisation, de comportement, plus que de technologie. C’est un des nombreux sujets à traiter pour les DRH qui devront aussi réfléchir à ce qui se passe quand les travailleurs nomades reviennent dans les locaux de l’entreprise, pour quelques heures ou quelques jours. Il va être important d’en faire des moments forts de la relation entre l’entreprise et son collaborateur.