Ressources Humaines

Les indépendants, bientôt des collaborateurs comme les autres ?

Au moment où la digitalisation favorise la montée du travail indépendant, les managers doivent repenser leur relation avec les freelances. Au-delà du statut, pourquoi ne pas les considérer comme des collaborateurs à part entière ?
#DRH #Digitalisation #Recrutement #Accompagnement du changement
28 mai 2019

Au moment où la digitalisation favorise la montée du travail indépendant, les managers doivent repenser leur relation avec les freelances. Au-delà du statut, pourquoi ne pas les considérer comme des collaborateurs à part entière ?

Et si le salariat était en voie de disparition ? La question mérite d'être posée au regard de la progression du travail indépendant. Aux États-Unis, les indépendants comptent pour plus d'un tiers (34 %) de la main-d'œuvre et, ils pourraient représenter la moitié des actifs d’ici dix ans. En Europe, leur nombre a augmenté de 45 % en une décennie.

En France, blog-emploi.com note une progression de 25% depuis 2003, dix fois plus rapide que la population salariée. Les indépendants représentent aujourd’hui 2,8 millions de personnes, soit 10 % de la population active. Et le cabinet Adequancy estime qu’ils compteront pour plus d’un quart des effectifs des entreprises d'ici 2025.

1,2 million d’auto-entrepreneurs

Comment expliquer ce phénomène ? D'abord, l'instauration de statuts facilitant l'installation en tant que travailleur indépendant, à commencer par celui d'autoentrepreneur en 2008. L'URSSAF les chiffre à près d'1,2 million, en hausse de 28 % en 2018, avec le relèvement des plafonds de chiffre d'affaires. [1]Ensuite la digitalisation et les nouveaux business models qui l'accompagnent – l’uberisation- augmentent mécaniquement le nombre de free lances.

L'indépendance constitue aujourd'hui une solution rationnelle pour nombre d'actifs de plus de cinquante ans, notamment des cadres, qui trouvent ainsi matière à exploiter leur savoir-faire et leur expérience – alors que leur employabilité est devenue délicate dans le salariat classique.

Enfin, le travail indépendant répond aux aspirations des jeunes générations éprises de liberté — plus que de sécurité de l'emploi —, d'expériences et de missions multiples. Selon les chiffres de l'Insee, la tranche d'âge 20 – 29 ans représente près de 40 % (38,2 %) des autoentrepreneurs en 2018, largement devant les 30 – 39 ans (25,9 %). Et la liberté d'organisation de sa vie professionnelle et personnelle figure en tête des avantages avancés par les freelances, selon la 9e étude de rémunération nationale du cabinet Hays (2019).

26 % des salariés souhaitent devenir indépendants

Cette enquête dévoile que 26 % des salariés souhaitent devenir indépendants. Mais côté entreprise, l’intégration du phénomène n'est pas encore faite : seulement 6 % des entreprises interrogées font régulièrement appel à des free lances, 31 % occasionnellement, 63 % jamais ; 30 % envisagent de le faire.

Les raisons invoquées par les entreprises :

  • 67 % pour des besoins ponctuels en l'absence de compétence interne ;
  • 31 % pour pallier une augmentation de la charge de travail ;
  • 30 % pour un besoin spécifique pour lequel l'entreprise ne souhaite pas recruter.

Pour autant, 82 % des freelances veulent revenir au salariat… ce qui traduit la précarité de ce statut ! Une précarité que l'entreprise peut, sinon résoudre, du moins atténuer. L’enjeu, c’est de fidéliser les relations, afin d’établir une relation de confiance, gage d’une meilleure productivité.

Parmi les difficultés que rencontrent les indépendants, les délais de paiement. Quel salarié accepterait d'être payé à 30 ou 60 jours fin de mois ? C’est pourtant le sort réservé à beaucoup d'indépendants qui ne disposent pas de la trésorerie d’une multinationale. Obtenir leur préférence passe par un règlement très rapide, dans un process comptable adapté.

Un collaborateur à part entière

Autre grande difficulté des freelances : la solitude. Pas simple de travailler seul, de ne pas pouvoir échanger avec des collègues autour d’un café. Cette difficulté explique d'ailleurs leur engouement pour les espaces de co-working. Des espaces qu'il est possible d'aménager au sein même de l'entreprise. Les bureaux agiles le permettent. Après tout, si aucun collaborateur ne dispose de son propre poste de travail, pourquoi ne pas accepter que les indépendants profitent aussi des bureaux ? La maîtrise digitale centralisée des accès leur ouvre les portes ! De même, il paraît envisageable de donner accès aux indépendants aux lieux de détente et de convivialité offerts aux collaborateurs : cafeterias, salle de sport, vestiaires, etc.

Ces espaces peuvent également être virtuels au travers de plateformes d'échanges qui associent les collaborateurs salariés et indépendants. Ces moyens permettent de fluidifier la communication avec des freelances qui mènent de front plusieurs chantiers et n’ont pas de temps à perdre en échanges inutiles.

La montée du travail indépendant réinterroge les relations établies avec les freelances, et la façon de les manager. Le non-salarié est un collaborateur libre. Il convient donc de respecter cette liberté, de l’orienter, de lui offrir les conditions de la réussite de sa mission. L’indépendant n’est pas un « prestataire » occasionnel et interchangeable, c’est un membre à temps partagé de votre équipe, qu’il soit distant ou présent. La relation humaine est essentielle. A commencer par la motivation : tout bon manager sait encourager et féliciter les membres de son équipe. Pense-t-il à le faire avec un freelance ? L’une des grandes frustrations exprimées par les indépendants est de ne pas avoir assez de feedback sur leur travail… sinon des reproches.

 

Les principaux secteurs des autoentrepreneurs

  • Spectacle et autres activités récréatives : 51,7
  • Santé : 48,9
  • BTP : 48
  • Industrie : 46
  • Travaux de finition : 44,1

En milliers de microentreprises, source ACCOS-URSSAF

 

[1]70 000 euros pour les services, 170 000 euros pour la vente de marchandises.