Avantages salariés

Alimentation des salariés : quand l’entreprise met la main à la pâte

L'alimentation des salariés devient un sujet de DRH. Vont-ils se mettre au fourneaux ? Pas tout à fait ! Mais ils sont nombreux désormais à regarder ce qui se passe dans l’assiette des collaborateurs lors des pauses déjeuner.
#Alimentation #Santé
15 octobre 2015

L'alimentation des salariés devient un sujet de DRH. Vont-ils se mettre au fourneaux ? Pas tout à fait ! Mais ils sont nombreux désormais à regarder ce qui se passe dans l’assiette des collaborateurs lors des pauses déjeuner. Un mouvement qui s’inscrit dans celui, plus général, de la quête d’un meilleur bien-être des salariés, et qui est légitimé par le Programme National Nutrition Santé. Par où commencer ? Voici le menu.

Un kiwi plutôt qu’un Mars

Dans certaines entreprises, et depuis plusieurs années, des plateaux de fruits sont livrés régulièrement par des sociétés spécialisées. Celles-ci travaillent le plus souvent avec des producteurs locaux. Les Vergers de Gally, par exemple, sont implantés dans toute la France et comptent plusieurs centaines de clients. Ils proposent, pour une cinquantaine d’euros, des paniers d’une douzaine de kilos de fruits de saison, livrés dans les bureaux.

La formule a de quoi séduire les salariés soucieux de leur hygiène alimentaire… mais aussi les dirigeants qui doivent donner leur accord pour laisser entrer les produits. Certains d’entre eux vont bien plus loin et affichent des positions engagées. Telle Christine Prat, DRH de Wincor Nixdorf France, qui se réjouit d’avoir vu baisser la consommation des barres chocolatées et autres snacks habituellement présents dans les distributeurs. Ceci expliquant peut-être cela, il faut souligner que dans cette entreprise, les fruits sont gratuits, leur montant étant pris en charge par l’employeur.

L’opération s’inscrit très bien dans les actions de santé publique sur la nécessaire consommation de fruits et légumes au quotidien. Les Vergers de Gally communiquent volontiers sur le sujet, et sur leur engagement citoyen auprès d’associations préoccupées par l’hygiène alimentaire et ses conséquences sur notre santé.

Le DRH a-t-il la légitimité pour regarder dans les assiettes ?

On peut s’interroger sur le militantisme des entreprises en matière d'alimentation des salariés. Quelle est la légitimité des DRH à se mêler de ce que mangent leurs collaborateurs ? Trois éléments de réponse :

  • A partir du moment où il n’y a qu’une incitation, sans obligation, et surtout sans discrimination, un discours militant autour de la santé a toute sa place dans l’arsenal de l’entreprise préoccupée par l’équilibre de ses salariés.
  • Le sujet de la diététique peut tout à fait entrer dans le champ des formations dispensées aux collaborateurs, soit de façon collective, soit de façon individuelle. La DRH est donc bien sur ses terres de légitimité.
  • Enfin, la DRH est responsable vis-à-vis de l’entreprise des ressources humaines et de leur gestion. Or de plus en plus, le bien-être au travail est relié aux performances individuelles. Rien de choquant donc à ce que des messages concernant la santé personnelle et son amélioration émanent de la DRH. Après tout, c’est aussi la vocation première de la médecine du travail, que personne ne conteste aujourd’hui.

C’est tellement vrai que le PNSS (Programme National Nutrition Santé, sous l’égide du Ministère de la Santé et des Affaires Sociales) a publié, en 2013, un document très complet, intitulé « Entreprises et Nutrition : Améliorer la santé des salariés par l’alimentation et l’activité physique ». Son principe est de proposer la signature d’une charte, impliquant les directions d’entreprises ou d’administrations et les représentants du personnel. Tous s’engagent à mettre en place, chaque année, au minimum trois actions dans trois des sept domaines suivants :

  • l’offre alimentaire,
  • l’offre d’activité physique,
  • l’information-éducation,
  • la formation,
  • le soutien à la participation à la recherche,
  • et, en liaison avec la médecine du travail, « le dépistage et la facilitation de la prise en charge des pathologies liées à la nutrition ».

Un grain de sel, au propre comme au figuré

La démarche n’est ni théorique ni rébarbative. Le document fourmille d’exemples concrets et parlants. Parmi les mesures simples à prendre, on notera en particulier :

  • Amélioration de la restauration collective ou incitation à manger mieux avec les titres restaurants : mise à disposition de pains bis, disponibilité attractive de fruits et légumes, positionnement du sel nécessitant un déplacement hors de la table des repas, réduction de la taille des sachets de sel…
  • Amélioration qualitative du contenu des distributeurs d’aliments et de boissons,
  • Mise en place d’ateliers cuisine-santé,
  • Formation des salariés à la nutrition lors du processus d’intégration ou en formation continue…

Comme on le voit, le programme ne comporte rien de coercitif, mais propose plutôt une réflexion collective notamment sur la question du déjeuner. Autour de la table (!) de rédaction du rapport, se sont d’ailleurs retrouvés des représentants syndicaux, de grandes entreprises, la médecine du travail, l’ANDRH, des représentants de l’Assistance Publique et des assurances santé. Et on notera avec intérêt les auditions d’acteurs de la filière agro-alimentaire, ainsi que des acteurs du titre-restaurant, dont Edenred.

Information, formation : vers une approche globale

L’attelage peut paraître hétéroclite, mais il traduit bien, par la diversité des participants, la montée des questionnements sur la qualité de l'alimentation des salariés. Un salon s’est d’ailleurs tenu en mars dernier à Paris, qui a présenté de nombreux témoignages d’entreprises. Parmi elles, EastBalt, spécialiste de la boulangerie industrielle, s’est exprimée par la voix de sa DRH, Christelle Briot : « Nous avons mis en place un programme de formation, sur les lieux de travail et en tenant compte de nos contraintes particulières de travail de nuit. Le résultat, après quelques mois de pratique, est très encourageant, puisque 90% des 160 salariés ont adhéré au programme ». Et d’ajouter un peu plus tard : « il n’est pas rare aujourd’hui de les voir s’interpeller à la cantine, et se moquer du contenu de l’assiette d’un collègue… ».

Le programme « Capital santé » retenu par Eastbalt est proposé par VitalCampus, un organisme de formation qui l’a conçu en partenariat avec l’Aria (association régionale des industries agroalimentaires) d’Ile de France. Sa particularité est de mixer des séances collectives d’information sur le lieu de travail avec un coaching plus personnalisé, utilisant le e-learning. Selon ses promoteurs, son originalité vient aussi de sa façon d’aborder l’hygiène alimentaire de façon globale, en s’intéressant aussi aux pratiques du salarié en famille. Une approche logique, dès lors qu’on adresse la question de la santé : elle ne peut s’arrêter aux portes de l’entreprise, ni dans un sens, ni dans l’autre.